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Transfert Photographique sur plaque d’aluminium, dimensions variables, 2023

Les échanges numériques deviennent des outils de communication intergénérationnels. Les GIF, en tant que
« ruines archéologiques d’internet », incarnent une forme de dialogue affectif, mais également une critique de cette surabon- dance d’images et de photographies.
Chaque GIF que je reçois de ma famille devient une pièce d’un puzzle plus vaste, représentant non seulement des états émotion- nels, mais aussi une manière de naviguer à travers ces dynamiques culturelles.

Ces GIF illustrent des roses scintillantes, des baisers animés et des étoiles brillantes, accompagnés de prières quotidiennes dans des typographies romantiques. C’est un moyen rapide et affectueux de faire savoir à une personne que l’on pense à elle, de lui souhaiter chance, prospérité, santé. La détérioration de la qualité des images, tant dans l’aspect numérique, que dans la technique du transfert rappelle le déclin de l’appréciation de ces messages au fil du temps en raison de leur surabondance, à l’instar des chaînes d’e-mails du temps de MSN.

J’aime l’idée de faire cohabiter à la fois ces images internet chargées, faisant partie de mon quotidien, des images camps - pour reprendre les mots de Susan Sontag- , populaire, avec d’autre images d’archives familiale, de moments plus simple, et tenter de créer quelque chose de vernaculaire, des dialogues rizomatiques ou les liens métapho- rique et poétique se font par le biais de leur relation et de leur traitement commun. `

En soi, je tente de recréer une bibliothèque d’image messenger. Un mélange de GIF, de photos envoyées et de souvenirs.

Le concept de transfert est au cœur de mon travail.
Lorsqu’il s’agit de culture et d’identité, chaque acte de transfert est syno- nyme de perte. En tant que membre de diasporas, je me rends compte qu’il est impossible de « conserver » entièrement tous les éléments de sa culture. Chaque transfert s’accompagne d’un effritement des données identitaires. Ce projet explore alors la manière dont ces éléments essentiels peuvent disparaître, être effacés par le biais de la pensée et des formes.

À chaque étape de ce processus, de nouveaux codes émergent, témoignant de l’adaptabilité de notre identité face à un contexte en constante évolu- tion. Mon travail s’inspire également de récits mythologiques comme celui de Şahmeran, où la transmission implique une forme de sacrifice, illus- trant comment la perte d’une culture peut être liée à la vulnérabilité de ceux qui la portent.

Les photographies sont transférées sur des petites feuilles de métal décou- pées. J’aime leur matérialité, le rapport à la matière, et comment la lumière accroche au métal et change le statut et la relation que l’on a avec l’image.

De part mon cursus dans la sculpture, j’ai toujours vu et conçu l’image, non seulement comme une surface plane, mais comme un objet, une surface organique qui nous donne a voir plusieurs point de vues sur elle même.

Les images sont transférées sur des supports de la taille d’écrans de téléphone de manière à garder leur taille initiale.