Vue d’installation, Paris 2024
« Inspiré par le concept de jardin utopique, Mehdi Görbüz déploie une installation poétique en dialogue avec les corps. L’artiste assemble des objets récupérés et tisse des liens sémantiques entre les images. Provenant d’archives personnelles, les projections vidéo forment autant de récits en perpétuelle construction et déconstruction. Ses pensées sont consignées dans des recueils composés de visuels issus d’internet et de poèmes qu’il écrit et emprunte. Pour témoigner des pressions politiques sur les minorités, l’artiste revisite le mythe de Shahmeran, une divinité kurde mi-serpent mi-humaine symbolisant la résistance au patriarcat. Sur une plaque en verre, il décompose puis transfère l’image d’une célèbre danseuse turque diffusée dans une émission de divertissement des années 2000.
La danse, omniprésente dans sa vie comme dans son œuvre, se traduit par un acte de célébration et de contes- tation. Au cœur de l’exposition, il dépose des voitures miniatures en béton pigmenté sur des carreaux imitant du marbre, où deux vidéos représentent un mariage familial et son frère dansant. Certains objets jouent sur l’illusion du luxe, comme le logo Mercedes dont l’aspect est altéré. Sur le sol, le sel provenant de larmes évaporées cristallise la joie collective de ses souvenirs d’enfance. Dans une vidéo filmée au Kurdistan turc, l’artiste suit sa famille vers le tombeau d’un guerrier, un lieu de culte abritant un arbre à souhaits et où se cache un trésor que beaucoup ont tenté de découvrir. En mêlant les images d’archives et d’icônes populaire, Mehdi Görbüz tisse des connections rizo- matiques qui résonnent en chacun de nous.»
Aurore Forray